Conseils gratuits par mail pour lutter contre suicide et mal-être au travail
pour lutter contre la détresse au travail et la hausse des suicides liés à la vie professionnelle, a vu ses activités décupler ces derniers mois.
"Aujourd'hui, notre site internet accueille 200 consultations par semaine. On reçoit chaque jour par mail des demandes d'informations", explique Michel Lallier, le président de l'Association d?aide aux victimes et organisations confrontées aux suicides et dépressions professionnels (Asd-pro).
Créée il y a un peu plus d'un an, cette association regroupe des professionnels de tous horizons, médecins, avocats ou simples salariés, et traite des demandes postées de toute la France.
"J'ai trouvé une écoute importante et c'est vraiment bien. Dans cette situation, vous êtes très isolé", témoigne Etienne Meyer.
Ce cadre supérieur de La Poste a pris contact à cause de "difficultés au travail". Outre l'écoute, il dit avoir trouvé "une aide technique, un soutien juridique".
Ce quadragénaire a depuis intégré le conseil d'administration de l'Asd-pro, pour agir à son tour face aux "nombreux cas de détresse au travail".
L'idée de l'association est née de l'histoire d'une famille disloquée par le suicide du père.
"L'entreprise a dit à la famille que le suicide n'avait rien à voir avec le travail. Femme et enfants se sont sentis coupables. L'un des enfants, traumatisé à l'époque, voulait aider les familles confrontées à cette situation et m'a contacté", raconte M. Lallier.
Le principe est simple: le site internet www.asdpro.fr donne des explications, une adresse mail permet de poser des questions et d'obtenir des conseils au cas par cas, avec des informations sur les recours administratifs ou judiciaires. Ceux qui le demandent peuvent compléter l'échange écrit par un entretien.
"Il est bien face à des gens en grandes difficultés qu'on puisse leur donner des conseils, des réponses du côté médico-juridique", analyse le docteur Dominique Huez, médecin du travail à la centrale nucléaire de Chinon qui collabore à l'association depuis sa création.
Les compétences des uns et des autres sont là "pour éclairer et donner des "conseils utiles", souligne-t-il.
"Un salarié sur trois déclare éprouver une souffrance au travail. Tout le monde en parle, peu de gens agissent", lâche M. Lallier, lui-même ancien secrétaire du CHSCT (comité hygiène et sécurité) de la centrale nucléaire de Chinon, où trois salariés s'étaient suicidés entre septembre 2006 et février 2007.
Selon lui, toute solution passe par "un changement des modes de management, des organisations de travail". "Mais les dirigeants ne sont pas prêts à le faire aujourd'hui", déplore-t-il.
"Inquiet", le président de l'Ads-pro pense qu'on en est "au début": pour lui "le phénomène est profond et les gens vont parler de plus en plus". Signe de cette tendance, des contacts ont été pris pour dupliquer l'association à Montpellier.
Le taux de suicide en France s'est élevé à 16,3 pour 100.000 habitants en 2007, selon l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm). Chez les hommes de moins de 65 ans, il frôle les 20 pour 100.000, et dépasse les 30 pour 100.000 entre 35 et 59 ans.
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