jeudi 28 janvier 2010

Les associations et la chasse aux subventions

Les associations et la chasse aux subventions

Donner contre rémunération, cela oblige à se plier à des règles car celui qui paie attend un service précis en retour. Dans ce mouvement qui consiste à répondre au besoin du demandeur, celui qui donne perd une part de liberté et de la créativité qui va avec.

Si vous donnez sans attendre de retour, vous faites ce que vous pouvez et acceptez de vous tromper. Ce faisant, vous êtes plus libre d’expérimenter, d’élargir le champ de vos interventions : en découvrant, vous créez.

Je ne rentrerai pas dans le débat qui consiste à dire qu’on est toujours payé du travail que l’on fait, même si ce n’est pas de manière financière. On est payé en satisfaction personnelle, en reconnaissance, en pouvoir parfois,… Ce débat est vieux comme le monde, le bénévolat, les associations formelles ou informelles.

Les associations de solidarité sont un lieu important d'expérimentation de la gratuité du don par le bénévolat. Problème, le bénévolat a ceci de particulier que, chacun estimant qu’il fait ce qu’il peut, les actions ont du mal à se faire dans la continuité. D’où parfois l’intérêt d’embaucher du personnel. Alors, comme il faut bien payer les permanents, on part à la pêche aux subventions.

DemandeSubventions_Large Mais, depuis un certain nombre d'années, las de donner des subventions à des associations sans savoir ce qu’elles en font, les pouvoir publics demandent de plus en plus de garanties qui se traduisent souvent par un contrat d’objectifs et une participation au CA de l’association.

Ces contrats et ces permanents sont un élément positif car, de fait, les actions sont menées avec plus d’efficacité, plus de visibilité. Problème : elles mettent l’association sous tutelle et dépossèdent les adhérents de leurs responsabilités : « puisqu’il y a un permanent, qu’il fasse le boulot », « je ne sais plus quoi faire », « je fais le boulot moins bien qu’un spécialiste ». L’association devient alors une sorte d’entreprise para-publique sponsorisée par des citoyens. Le don gratuit a disparu, la liberté d’action et la créativité aussi. Il suffit alors comme ce fut par exemple le cas avec l'ADAMIF, que le pouvoir public décide de passer le contrat par voix d’appel d’offre et qu'il l'attribue, non à une association, mais avec une entreprise privée répondant strictement au besoin exprimé, pour que l’association n'ait plus de moyens pour payer ses permanents. N'ayant plus vraiment de bénévoles ses actions de solidarité disparaissent à jamais.

Méfions-nous de la chasse aux subventions.